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21 mars 2014

FASM Georges Leygues Dernière cérémonie des couleurs

FASM Georges Leygues 
Dernière cérémonie des couleurs




Le Georges comme on l'appelait familièrement a quitté le bassin 3 sous le plateau des Capucins où il était en désarmement pour rejoindre le quai sous le château qui a vu se dérouler la dernière cérémonie des couleurs ce matin.



Sortie du Bassin 3 sous le plateau des Capucins photo Bernard Hily

Construite par la DCN Brest, la frégate anti-sous-marine (ASM) Georges Leygues , première d'une série de sept bâtiments (frégates types F70, est plus particulièrement dédiés à la lutte sous la mer
Elle a servi pendant près de vingt ans au sein des forces déployées à partir du port de Toulon.



Georges Leygues est né à Villeneuve sur Lot, il sera député de 26 ans à sa mort. Il occupera plusieurs ministères dont l'Intérieur et le ministère de la Marine de la Marine.



photo Bernard Hily

Le Georges Leygues, première corvette d'une nouvelle série de sept bâtiments à vocation anti sous-marine est mis sur cale le 16 septembre 1974 à Brest. Lancé le 17 décembre 1976, il est armée pour essais par un premier équipage restreint le 23 juillet 1977. Le bâtiment est alors habitable, mais la mise en place de l'appareil propulsif n'est pas terminée.





Son premier commandant, le capitaine de vaisseau Jacques HUGON avait rallié dès janvier 1977 pour suivre les travaux d'achèvement. Divers soucis provoquent un retard de trois mois dans la réalisation des travaux, les premiers essais propulsifs n'étant réalisés qu'à partir de février 1978. Le bâtiment réalise une première période d'essais à la mer de février à juin 1978.
Le 15 juin 1978, le bâtiment est armé par l'intégralité de son équipage. Une grève de l'arsenal durant l'été reporte la seconde période d'essais qui se déroule durant l'automne 1978.



Carte des escales du Georges Leygues jusqu'en 2005

Quelques événements



photo Bernard Hily

La corvette appareille le 3 février 1979 pour sa Traversée de Longue Durée, qui le mène notamment à Abidjan (du 13 au 20 février 1979), Rio de Janeiro (1er au 7 mars 1979), Saint Barthélémy et Fort de France.

Une dernière période d'essais est réalisée courant mai 1979, mais il reste alors le système le plus moderne à valider : le système d'autodéfense de missiles Crotale, installé pour la première fois à bord d'un bâtiment de la Marine Nationale.




Le 21 mai 1979, le capitaine de frégateJean VAXELAIRE prend le commandement du bâtiment. L'admission au service actif du bâtiment est prononcée le 10 décembre 1979 et le Georges Leygues rallie l'escadre de la Méditerranée. Le bâtiment réalise son premier stage d'entraînement à la mer, sous la houlette du Centre d'Entraînement de la Flotte, puis part immédiatement en mission en Océan Indien.

La première mission opérationnelle du Georges Leygues, du 14 février au 9 juillet 1980 conduit le bâtiment à :

    • Abu Dhabi du 4 au 6 mars 1980
    • Djeddah du 17 au 23 mars 1980
    • Karachi du 24 au 30 avril 1980
    • Chittagong du 9 au 15 mai 1980
    • Colombo du 19 au 22 mai 1980
    • Malé du 24 au 31 mai 1980
    • Bombay du 5 au 9 juin 1980
    • Le Pirée du 4 au 7 juillet 1980.


Il a alors parcouru déjà plus de 60 000 nautiques soit l'équivalent de trois tours du monde à l'Equateur.A partir du 18 août 1980, le Georges Leygues connaît sa première période d'entretien majeur.


photo Bernard Hily
C'est toi Victor?

A l'aube du 15 mai 1981, le Georges Leygues et l'escorteur d'escadre Guépratte, commandé par le CV Le Pichon, alors tous deux en écran ASM devant l'escadre, détectent un sous-marin et le pistent sans discontinuer pendant 19 heures. C'est l'opération Lancette. Le pistage est délibérément interrompu après que le sous-marin ait fait surface, de nuit, et soit formellement identifié comme étant du type Victor par le LV De Torcy, pilotant l'un des Lynx du Georges Leygues. Cette opération de tenue de contact d'un sous-marin soviétique, qui est monté parfois jusqu'à 28 noeuds et est même passé sous le sonar remorqué du Georges Leygues n'a pas eu beaucoup d'équivalents connus.





photo Bernard Hily


photo Bernard Hily

La situation se dégradant dans le Golfe Persique, la France rompant ses relations diplomatiques avec l'Iran, le Georges Leygues appareille le 22 juillet 1987 pour l'opération ARIANE, qui consiste à surveiller et protéger le transit des bâtiments de commerce français dans le Golfe Persique.




Il sera suivi, quelques jours plus tard, par le groupe aéronaval du porte-avions Clémenceau, comprenant notamment les FLM Suffren et Duquesne et le PRE Meuse, en attendant la force de guerre des mines.
Le Georges Leygues assiste notamment en octobre 1987, durant son transit vers le Koweït, l'Antsiranana , bâtiment attaqué quatre mois auparavant par les forces révolutionnaires iraniennes. Le Georges Leygues franchit 20 fois le détroit d'Ormuz en 71 jours de patrouille sur zone. Cela vaut au bâtiment un témoignage de satisfaction de l'amiral LOUZEAU, alors chef d'état major de la marine.

A son retour en France, le Georges Leygues connaît sa 4e période d'entretien majeur, du 12 novembre 1987 au 11 mai 1988.



photo Bernard Hily




Le capitaine de frégate Bruno DEMEOCQ prend donc le 6 août 1999 le commandement d'un bâtiment en pleine mutation qui s'apprête à remplir une mission qu'il n'a jusqu'alors fait qu'effleurer au cours de ses rencontres passées avec le GEAOM.
A l'issue de la période d'indisponibilité pour entretien, qui se termine le 22 octobre 1999, le stage de remise en condition s'effectue du 25 octobre au 5 novembre et le Georges Leygues est fin prêt pour appareiller le 24 novembre 1999 pour sa première campagne avec la Jeanne d'Arc.

Le Georges Leygues passe pour la troisième fois de son existence l'équateur le 3 janvier 2000 après un mouillage devant l'île du Diable la nuit du réveillon.

Un mois plus tard, au petit matin du 2 février, il franchit pour la première fois le Cap Horn avant de faire demi-tour et de remonter les chenaux de Patagonie vers Ushuaïa. Après l'escale de Montevideo, il fait un passage rapide devant l'île de Tristan Da Cunha et franchit pour la première fois le cap de Bonne-Espérance le 2 mars 2000 pour retrouver des mers plus connues.




Peu avant, des conditions météorologiques provoquent des inondations catastrophiques au Mozambique : 1,5 million de personnes sont touchées. Le GEAOM s'arrête durant une semaine au mouillage devant Maputo pour venir en aide aux populations, c'est l'opération Limpopo. L'expérience du cyclone Mitch l'année passée avait fait embarquer de manière préventive du fret humanitaire à bord de la Jeanne d'Arc. Mis en alerte le 1er mars, la Jeanne d'Arc et le Georges Leygues se déroutent pour rejoindre le 4 mars Maputo où se trouve déjà un Transall en provenance de la Réunion.
Depuis juin 1999, elle participe aux missions de formation des officiers élèves. Une mission menée aux côtés du porte-hélicoptères Jeanne d’Arc jusqu’en 2010 et aux côté d’un bâtiment de projection et de commandement (BPC) depuis 2010.

photo Bernard Hily



Doté d'équipements modernes représentatifs des bâtiments de combat en service dans la Marine nationale, le Georges Leygues dispose également d'une salle de conférence, d'une salle d'étude informatique et de cinq postes permettant l'accueil de 36 élèves.


photo Bernard Hily


C’est avec les honneurs que la frégate anti-sous-marine (FASM) Georges Leygues est rentrée à Brest, le 30 juillet, à l’issue d’une ultime mission avant son retrait du service actif. Pour ce dernier déploiement, elle a accompagné le bâtiment de projection et de commandement Tonnerre dans le cadre de la mission Jeanne d’Arc. Pendant cinq mois, la frégate et le BPC ont sillonné la Méditerranée, la mer Rouge et l’océan Indien, poussant jusqu’en Asie. Une flottille chargée de mener à bien le stage d’application à la mer de 133 officiers élèves français et étrangers, tout en menant différentes opérations, comme la lutte contre la piraterie au large de la corne d’Afrique dans le cadre d’Atalante. Avec à bord du BPC un groupe tactique embarqué et un détachement d’hélicoptères de l’armée de Terre.





Voué en plus de ses fonctions opérationnelles à la formation des jeunes officiers depuis 14 ans, le Georges Leygues a, à ce titre, d’abord servi de conserve à l’ancien bâtiment école Jeanne d’Arc, de 1999 à 2009, avant d’accompagner chaque année le BPC affecté à la mission Jeanne d’Arc, prenant la relève des campagnes d’application à la mer de l’ex-porte-hélicoptères, retiré du service en 2010. La frégate a, ainsi, escorté le Tonnerre en 2010, puis le Mistral en 2011, le Dixmude en 2012 et de nouveau le Tonnerre cette année


les photos sont de  Bernard Hily  un grand merci


sources :

http://www.netmarine.net/g/bat/gleygues/histoire01.htm

22 mars 2017

Georges Leygues Ministre de la Marine Villeneuve sur Lot

Georges Leygues 

Ministre de la Marine




Georges Leygues est né à Villeneuve-sur-Lot, dans la maison de famille qui appartient toujours à sa descendance. Son grand-père était violoneux de village, c'est dire qu'il préparait les mariés et les accompagnait en musique à l'église. Son père était poète, il en hérita le goût des lettres. « Fils de la plaine lumineuse et fertile qui déroule, aux confins du Bas-Quercy et de l'Agenais, une prodigieuse variété de cultures et de ressources, où l'amour de la liberté s'inscrit dans le nom même de ses villes à chartes : Villeneuve, Villefranche, Bastide, Sauvetat », Georges Leygues grandit dans une famille de petite bourgeoisie républicaine et patriote.


Question écrite n° 20617 de M. Serge Vinçon (Cher - UMP)publiée dans le JO Sénat du 01/12/2005 - page 3079M. 

Serge Vinçon rappelle à M. le ministre délégué à l'industrie qu'en 2007 sera fêté le cent cinquantième anniversaire de la naissance de Georges Leygues. Cette grande figure de la IIIe République fut parlementaire, dix-neuf fois ministre et même président du Conseil. Il fut en particulier le rénovateur de notre marine de guerre après le premier conflit mondial, comme ministre de la marine de 1917 à 1920, puis, surtout, de 1925 à 1930 et à nouveau en 1932-1933. C'est pourquoi il lui demande s'il ne serait pas possible de prévoir, dans la programme philatélique de 2007, un timbre à l'effigie de ce grand homme politique, timbre qui serait dans le même temps un hommage à notre marine et aux hommes qui la servent.





Réponse du Ministère délégué à l'industrie publiée dans le JO Sénat du 30/03/2006 - page 933
Cette proposition a fait l'objet d'un examen attentif par la commission des programmes philatéliques lors de la préparation, au mois de décembre 2005, du programme des émissions à réaliser en 2007. Il n'a malheureusement pas été possible, en raison du nombre considérable de demandes en instance et de la nécessaire limitation du programme philatélique, de réserver une suite favorable à ce dossier. Les organisateurs des manifestations prévues ont cependant la possibilité de demander l'ouverture d'un bureau de poste temporaire comportant un timbre à date illustré, destiné à mettre en valeur ce sesquicentenaire. Dans ce cas, il leur appartient d'en faire la demande, au moins quatre mois avant la date des manifestations envisagées, auprès des services de la direction de La Poste de Paris sud, 140, boulevard du Montparnasse, 75677 Paris Cedex 14.




Il fut élève au collège de Villeneuve-sur-Lot, étudiant à la Faculté de droit de Toulouse et, après sa licence, inscrit au barreau de Villeneuve-sur-Lot. En 1882 (il avait 25 ans), il entrait dans l'arrière-boutique de l'éditeur Lemerre, où il rencontrait les habitués de la maison : Leconte de Lisle, Théodore de Banville, François Coppée, Alphonse Daudet, Sully Prud'homme, Anatole France, José-Maria de Hérédia. Il apportait un volume de vers Le coffret brisé. Il avait écrit également La lyre d'airain et l'Académie française allait couronner ses premiers livres.




Mais il avait déjà des ambitions autres que littéraires. A Villeneuve-sur-Lot, il était un membre actif de la Ligue des patriotes et il avait fondé le journal républicain L'avenir du Lot-et-Garonne. Adjoint au maire de Villeneuve-sur-Lot, il lui succéda à 25 ans.






En 1885, il était désigné comme candidat à la députation et, le 18 octobre, élu au second tour avec 44.084 voix sur 86.457 votants, sur la liste d'Armand Fallières dont il était l'ami fidèle. Il fut le premier représentant républicain de Villeneuve-sur-Lot, ayant succédé au bonapartiste Sarrette qui avait été député pendant 19 ans. Pendant près d'un demi-siècle, Georges Leygues resta sans interruption le député de la circonscription de Villeneuve-sur-Lot, mais fut réélu avec des fortunes diverses.




En 1889, il l'emporte par 12.389 voix sur 24.438 votants contre 11.897 à Sarrette ; en 1893, par 12.174 voix sur 22.193 votants, contre deux adversaires. Mis en ballottage en 1898, il fut réélu avec 9.098 voix sur 22.624 votants contre 7.755 au conservateur Bruyère qui cherchera vainement à le supplanter en 1902 et 1906.



Mis en échec au premier tour en 1902, Leygues passe au second avec 12.152 voix sur 22.567 votants ; en 1906, Bruyère qui a obtenu 9.650 voix sur 22.620 votants, doit s'incliner devant le ministre des Colonies qui recueille 11.967 voix dès le premier tour ; il en est de même en 1910: 12.846 voix pour Leygues contre 4.517 à un nouvel adversaire Couten, ainsi qu'en 1914: 10.473 voix sur 19.792 votants contre 7.750 à Molinié. En 1919 les élections ont lieu - ainsi qu'en 1924 - au scrutin de liste : Georges Leygues mène celle de l'union des républicains pour le relèvement national ; il est élu avec 25.710 voix sur 58.160 votants ; en 1924, il passe avec 23.852 voix sur 63.185 votants, en tête de la liste d'union des républicains. En 1928, avec le retour du scrutin d'arrondissement, il retrouve sa circonscription de Villeneuve-sur-Lot et son siège avec 11.341 voix sur 17.557 votants, ainsi qu'en 1932 où il est réélu pour la dernière fois avec 10.349 suffrages sur 17.179 votants.








On a écrit de lui : « Georges Leygues semble un des hommes les plus représentatifs de son Midi ; son masque sarrasin, son élégance nerveuse, sa parole, ornée sans surcharge et poétique sans emphase, appartiennent à ce Midi qui n'a cessé de conquérir la Gaule ».

Inscrit à la gauche démocratique, Georges Leygues s'imposa à la Chambre par son talent d'orateur. Il fut ministre de bonne heure. « La rafale de Panama avait emporté un vieux personnel d'hommes d'Etat. On cherchait des remplaçants jeunes ; c'est à ce moment qu'émergèrent Poincaré, Delcassé, Louis Barthou et Georges Leygues. »


A une période ou la caricature est reine...
















A 37 ans, le 30 mai 1894, il devenait ministre dans le deuxième cabinet Charles Dupuy et recevait le portefeuille de l'Instruction publique et des Beaux-arts. Il le garda jusqu'au 26 janvier 1895 ; il devenait ministre de l'Intérieur du 27 janvier au 2 novembre 1895 dans le cabinet Ribot, et de nouveau ministre de l'Instruction publique, du 3 novembre 1898 au 22 juin 1899, dans le cabinet Charles Dupuy, et du 23 juin 1899 au 7 juin 1902 dans le grand cabinet Waldeck-Rousseau.


Portrait-caricature de Georges Leygues (1857-1933) ministre de l´Instruction Publique et des Beaux Arts du cabinet Waldeck-Rousseau (1899-1902). Sur cette caricature Leygues délivre un "bon" à une "dame" pour qu´elle se serve au musée de Sèvres en échange de ses "services"


Au ministère de l'Instruction publique, il fut surtout l'auteur de la grande réforme de 1902 qui, tout en fortifiant les humanités classiques, adapta l'enseignement secondaire aux nécessités de la vie moderne et attribua aux sciences, de même qu'aux langues étrangères, la place légitime qui leur avait été refusée jusqu'alors. Il y eut désormais un baccalauréat sans latin. L'enseignement devait comporter des fins morales et sociales mais rester étranger aux luttes des partis car si Georges Leygues voulait que « l'école s'ouvre sur la vie », il refusait « de la voir s'ouvrir sur la rue ».







Quand, en 1923, Léon Bérard voulut à nouveau rendre obligatoire le latin et le grec pour tous les élèves des lycées, Georges Leygues s'opposa vigoureusement à ce retour en arrière. Dans une conférence à l'Ecole des hautes études sociales, il déclara : « L'étude du latin et du grec pousse les étudiants vers les carrières libérales déjà trop encombrées et, du même coup, risque d'augmenter dangereusement le prolétariat intellectuel ». Dès 1904, il avait exposé ses vues sur l'enseignement dans L'école et la vie. Ministre de l'Intérieur dans le 3e cabinet Ribot de janvier à novembre 1895 - c'est-à-dire au lendemain de l'assassinat de Sadi-Carnot - il fit preuve, au milieu des menées anarchistes, d'une fermeté remarquable et maintint l'ordre sans violence.

Ministre des Colonies dans le cabinet Sarrien - de mars à octobre 1906 - il substitua à la rude politique qui avait suivi la conquête une politique d'association et de collaboration avec les indigènes, tout en repoussant une irréalisable assimilation. Il organisa la célèbre mission Foureau-Lamy et fit occuper par des raids audacieux l'oasis de Bilma et le Tibesti.

Il se tint éloigné du gouvernement jusqu'au 17 novembre 1917. Peut-être, la fortune qu'il avait reçue par testament de M. Chauchard, propriétaire des magasins du Louvre, créa-t-elle des jalousies qui l'éloignèrent du gouvernement.




le croiseur Georges Leygues

A la mobilisation, en 1914, il servit comme capitaine d'infanterie territoriale. En novembre 1917, Georges Clemenceau l'appela à faire partie du « Grand ministère de la Guerre et de la Victoire », avec le portefeuille de la Marine. Il avait attiré l'attention du Chef du gouvernement par une conférence à Toulouse, le 22 juillet 1917 sur les origines et le sens de la guerre.

Quelques semaines plus tard, par une interpellation sur le personnel et l'action de notre diplomatie (il était alors président de la commission des affaires extérieures), il mettait en lumière la nécessité d'une entière collaboration entre toutes les forces françaises et alliées. Le premier rôle, sur mer, appartenait nécessairement à l'Angleterre, et les ressources de la France furent mises par Georges Leygues à la disposition de nos alliés.





Mais, pendant les conférences interalliées qu'il présida à Paris en décembre 1917, en avril et septembre 1918, il eut le souci permanent de maintenir à la France son rang de grande puissance et, notamment, lui conserva le commandement supérieur en Méditerranée qu'elle avait obtenu par une convention du 6 août 1914.

Au cours de la Grande Guerre, le rôle de la marine avait été souvent méconnu. Le 23 juin 1920, Georges Leygues prononçait devant la Chambre des députés un grand discours qui rappelait son action et ses sacrifices : « Nos marins ont conduit la guerre sans être soutenus par l'exaltation de la bataille... ». La marine française a permis que la mobilisation dans la Méditerranée s'effectue librement et assure la liaison avec l'armée d'Orient. Aux Dardanelles, le 18 mars 1915, notre division de cuirassés, commandée par l'amiral Guépratte, fut appelée au poste d'honneur. En décembre 1915, ce fut la marine française qui assura l'évacuation de l'armée serbe et son transport de Corfou à Salonique sans qu'il y eût à déplorer la perte d'un seul soldat.







Quand, le 31 janvier 1916, le gouvernement et l'état-major allemands déclarèrent la guerre sous-marine « sans restriction », une flottille de patrouille, créée de toutes pièces, aidée par des avions, des aéronefs et des hydravions, permit le ravitaillement des pays alliés, Enfin, vers la fin de 1917, les Etats-Unis firent savoir qu'ils allaient quadrupler le nombre des hommes qu'ils envoyaient mensuellement en France. Tous les regards se tournèrent vers la mer. Le sort de la guerre était entre les mains des marins. Grâce à eux, 1.300.000 soldats américains traversèrent l'Océan. Il n'y eut ni un navire torpillé, ni un combattant noyé. Nos marins ne s'étaient pas contentés de faire leur devoir sur mer, ils l'avaient fait magnifiquement sur terre : ce sont les fusiliers marins qui sauvèrent l'armée belge et gagnèrent la bataille de l'Yser.

A la fin de ce discours, Georges Leygues cita la parole de Colbert : « On ne peut, sans la marine, ni soutenir la guerre ni profiter de la paix. »

Ce rôle primordial, toute cette œuvre, Georges Leygues les a exposés dans deux brochures : La marine française pendant La Grande Guerre et Marins de France.

Au Congrès de Versailles, il apposa sa signature parmi celles des plénipotentiaires.

Après un court passage comme ministre aux Affaires étrangères, il devint président du Conseil du 23 septembre 1920 au 12 janvier 1921. Il était chef du gouvernement quand on transporta, sous les voûtes de l'Arc de Triomphe, le corps du Soldat inconnu et que l'on transféra de Sèvres au Panthéon le cœur de Gambetta.




Il se préparait à partir pour la Conférence de Londres sur la déchéance du roi Constantin de Grèce, le plébiscite en Haute-Silésie et la question de Tanger quand son gouvernement fut renversé. Il avait exigé d'aller à la Conférence « l'esprit et les mains libres ». « Aucun gouvernement digne de ce nom, disait-il, ne pourrait admettre que la Chambre lui imposât des solutions ou des directives sur les questions les plus délicates et les plus graves qui vont être discutées à la Conférence »... « Là où est la responsabilité doit être la liberté ».

Il resta quelque temps à l'écart du gouvernement, mais toujours député, il était inscrit au groupe des républicains de gauche de René Coty.

Il redevint ministre de la Marine le 28 novembre 1925 dans le cabinet Briand. Il le resta désormais jusqu'à sa mort - sauf une courte interruption de février 1930 à juin 1932. Il fut onze fois ministre de la Marine et son ambition, en grande partie réalisée, fut d'être le Colbert de la IIIe République. Il a d'ailleurs consacré une étude à son prédécesseur ; Colbert et son œuvre.

En matière de marine, la continuité dans l'action est essentielle et c'est pourquoi le grand mérite de Georges Leygues est d'avoir réalisé le programme qu'il s'était fixé. Le projet de loi du 13 janvier 1920 constitue le programme naval qu' « inlassablement » il poursuivit jusqu'à la mise en chantier du Dunkerque l'année même de sa mort. A lui seul il a signé les ordres de mise en chantier de plus de 120 bâtiments représentant plus de 300.000 tonnes. Mais, il s'acharnait à n'entreprendre que ce qui était strictement utile et il concentra les arsenaux à Toulon et à Brest. Il développa les trains d'escadres où figuraient les bâtiments comme le Commandant-Teste, le Jules-Verne ou le Gladiateur, dont la conception était en avance sur les techniques des marines étrangères.

Pour parer à l'insuffisance de notre territoire en carburant, il fit construire des pétroliers et, à terre, les installations nécessaires au stockage.



Par le décret sur l'organisation générale de la marine du 22 avril 1927, il codifia l'ensemble des dispositions successives et parfois contradictoires qui réglaient les rapports des différents services de la marine..

Il réorganisa l'Ecole de guerre avec un Centre des hautes études navales, une section de recherche scientifique, une section historique qui est sa création personnelle. Il fit préparer le statut de l'aéronautique navale du 27 novembre 1932.
monument à Georges Leygues à Villeneuve sur Lot 

les obsèques de Georges Leygues

La loi des cadres du 5 mars 1929 assura au corps des officiers de marine des garanties de carrière et d'avancement qui attirèrent de nouveau vers le « Grand corps » les meilleurs éléments de la nation. Le renouveau de l'uniforme fut comme le symbole de cette résurrection. Le nombre des candidats à l'Ecole navale tripla et Georges Leygues posa la première pierre de la nouvelle Ecole sur les hauteurs de Lannion, à côté de Brest, le 14 novembre 1929. Un nouveau croiseur-école, la Jeanne D’Arc, entrait également en service.

Le 3 juillet 1928, sur la rade du Havre, Georges Leygues avait eu la joie de montrer au chef de l'Etat les résultats d'un effort qu'il devait poursuivre jusqu'à sa mort.





Il s'éteignit à Saint-Cloud le 2 septembre 1933, à l'âge de 76 ans. Il lui fut accordé des funérailles nationales. Toute la marine française était représentée à cette cérémonie. Une décision du 13 septembre 1933 rendit hommage à la mémoire de ce « serviteur éminent du pays » en donnant à un croiseur le nom de Georges-Leygues. 




Georges Leygues; moustache universitaire.
"De Toulouse, rien de Leygues de Meaux. A fait partie de nombreux ministères. Sait tomber et répète régulièrement après une chute: "encore un Leygues à terre... universitaire" Estimé au grand Opéra."
Sources :

http://www2.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche/(num_dept)/7840

http://envelopmer.blogspot.fr/search?q=georges+leygues

Gallica BNF
Assemblée nationale
Sénat

16 février 2021

L'Abordage du Bison par le Georges Leygues 1939

L'Abordage du Bison par le Georges Leygues


Le 8 février 1939, le Georges Leygues abordait le Bison

L'Ouest-Eclair 10 février 1939



LA MARINE FRANÇAISE EN DEUIL



L'abordage du Bison par le Georges Leygues a fait dix-huit victimes

LES CIRCONSTANCES DE L'ACCIDENT

Ce qui reste de l'avant du « Bison », sectionné juste à hauteur de la cloison étanche de la passerelle

L'abordage du contre torpilleur « Bison » par le croiseur « GeorgesLeygues » que « L'Ouest-Eclair » relatait hier a malheureusement des conséquences plus graves que celles qui avaient été tout d'abord annoncées. Aux trois morts s'ajoutent 15 disparus dont le sort ne laisse aucun espoir. Sur la liste funèbre de ces 18 victimes, nous relevons les noms de nombreux marins appartenant à la région de l'Ouest qui, une fois de plus, paye un lourd tribut à la défense maritime.


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« L'Ouest-Eclair" s'incline devant la douleur des familles éprouvées par ce deuil et leur exprime ses condoléances émues.

Paris, 9 février. Le Ministère de la Marine communique les noms des quinze disparus : Jean Pascoèt, second-maître mécanicien, de Guissény (Finistère); Henri Boucon, quartier-maitre canonnier, d'Heyrieux (Isére); Marcel Lanque, matelot canonnier. de Boulogne-sur-Seine; Ernest Sonnette, matelot sans spécialité, d'Etaples (Pas-de-Calais): Jean Simon, matelot gabier, de l'ile de Batz: François Caous. matelot timonier, de Ploubazlanec: Marcel Caruan maitre timonier de Djerda (Tunisien), Armand Sauvage, matelot boulanger, de Saint-Malo, Marie-Françols Boulic. matelot sans spécialité, de Plougastel-Daoulas, Raymond Gérard, quartier-maitre mécanicien, d'Olizy-sur-Chiers (Meuse), Marcel Prigent, matelot canonnier. ancien pupille de l'Assistance Publique de Quimper, Yves Baron, quartier-maître fusilier, de Plounévcz-Lochrist (Finistère); Marcel Cazcau. quartier-maitre cuisinier, Saint Pierre au-Pott (Seine-Inférieure);
Courteaux, matelot canonnier, et Daouben. matelot gabier.

Ajoutons à ce communiqué que le matelot Courteaux, 506 C 35, était venu récemment du 2e dépôt en exécution de l'ordre 142 E.M.A.B. escadre du 25 janvier, et que le matelot Daouben, embarqué sur l'Alcyon, était en subsistance sur le Bison.



Les obsèques auront lieu samedi à Lorient

Nous recevons de la Marine le communiqué suivant

Les obsèques solennelles des victimes de l'accident du Bison auront lieu à Lorient. le samedi 11 février, en présence du vice-amiral Darlan, chef d'Etat-Major général de la Marine, représentant M. le Ministre de la Marine.


La levée des corps se fera place d'Armes. 10 heures. Un service religieux sera célébré en l'église Saint-Louis. En se rendant à la gare, le cortège s'arrêtera devant le monument aux Morts pour y déposer une couronne offerte par le ministre de la Marine à la mémoire de tous les disparus.

Le Vice Amiral, commandant la Marine. invite la population de Lorient à se joindre au deuil de la Marine pour honorer ceux qui sont morts à con service.



LE TRAGIQUE ABORDAGE DU BISON Le contre-torpilleur amputé a été remorqué, hier matin, dans le port de Lorient

Lorient, le 9 février (de notre rédaction, par téléphone)

Il faut remonter à l'année 1902 pour retrouver l'équivalent d'un drame de la mer aussi tragique dans le sens des abordages que celui qui s'est produit le 7 février 1939. dans les eaux finistériennes. 




Le cuirassé Brennus coupait en deux au cours de manœuvres navales, en Méditerranée, la Framée, commandée par l'héroïque lieutenant de vaisseau de Mauduit du Plessis, de Lanester, près Lorient, qui refusait la bouée qu'on lui tendait pour la passer à un quartier-maître, alors que lui, préférait s'engloutir avec son bâtiment. 


Ce matin nous avons assisté à un événement maritime qui compte parmi les plus' poignants, l'arrivée dans les eaux lorientaises du contre-torpilleur Bison, qui depuis plus de 30 heures, admirablement soutenu par les courageux équipages des remorqueurs de Lorient et de Brest, naviguait dans les circonstances les plus difficiles à une toute petite allure.



Comme je vous le signalais hier, on craignait, d'ailleurs, pour le sort du bâtiment car le temps avait singulièrement fraichi mercredi soir. Des rafales s'élevaient dans le sud-ouest et toute la nuit le vent soufflait à allure de tempête. Quand ce matin au petit jour le convoi apparut aux atterrages de Groix, on pouvait dire, selon le vieux dicton maritime Qui voit Groix, voit sa joie.

A Lorient, sur les quais du port de pêche, la foule attend l'entrée du convoi remorqué

Et le bâtiment s'engagea vers 9 h. 30, dans les passes de Port-Louis et de Lorient, la marche contrariée par les forts courants du jusant. Sur les plages de Larmor, de Kernevel et surtout sur les quais au port de pêche, une foule énorme stationnait, silencieuse et émue.

Lorsque le Bison passa devant les chalutiers à vapeur, on entendit des bruits de sirène qui, par trois fois, saluaient le valeureux bâtiment amputé de tout son avant.

Spectacle tragique et impressionnant. car à ce moment tous songeaient au plus profond du coeur à ces braves officiers mariniers et matelots, engloutis avec l'étrave du navire dans les eaux de Penmarc'h. Il était 10 h. 30, quand le Bison, après une manœuvre impeccable des remorqueurs pénétra dans le port militaire, à l'estacade, la jetée était noire de monde.

Matelots de l'équipage du Bison

Tous commentaient avec émotion l'affreux accident. A bord du croiseur Condé, le bâtiment des célèbres fusiliers-marins et sur tous les navires amarrés, le long des quais de l'Arsenal. les équipages étaient à la bande. Les sonneries de clairon saluaient le pavillon du Bison qui flottait à l'arrière et la marque du contre-amiral Donval. commandant la 2e flottille de torpilleurs, cependant que la garde -présentait les armes.


Le tragique bilan

Le vice-amiral de Penfentenyo saluait le Bison dès son arrivée au quai des Roumains et montait à bord. En- Sn, le bâtiment prenait son amarrage, le long du Vaudreuil et de la vieille Melpomène. On apprenait à ce moment que le bilan de la catastrophe était le suivant trois morts et quinze disparus.

A propos de morts, signalons et rectifions au sujet du cadavre d'un second maître qui a été débarqué du Bison à midi C'est celui du second maître Léon Georges, de Saint-Pierre Quilbignon, qu'une mauvaise interprétation, par la Marine d'un télégramme officier, situait sur le Georges-Leygues, comme nous l'avons annoncé hier et qui aurait été débarqué à Brest à l'arrivée du bâtiment. II y a actuellement cinq blessés, très légèrement d'ailleurs, à notre Hôpital Maritime, tous sont du Bison le lieutenant de vaisseau d'Estienne, légèrement blessé à la main le second maître radio Rampi, contusions sérieuses au cuir chevelu. Ce dernier l'a échappé belle, il a failli être écrasé, alors qu'il était dans son hamac le matelot timonier Hillion, brûlures légères quartier-maitre mécanicien Dejou, commotion et contusions diverses.

D'autre part. l'enseigne de vaisseau Roger, du sous-marin Junon, a été blessé à son bord, mais rien de commun avec l'accident du Bison. Le vice-amiral Gensoul, commandant en chef l'escadre de l'Atlantique, arrivé à Lorient, à bord d'un hydravion de la base de Brest, à midi, s'est rendu aussitôt après déjeuner à bord du Bison où il a constaté la nature des avaries du bâtiment; puis à l'hôpital maritime où il a salué les corps des trois victimes.

On a regagné Brest par la route. 
Des cadavres restent-ils à bord ? Le bruit avait couru dans l'après-midi, qu'il y aurait peut-être encore des cadavres. On parlait de deux, aperçus par les scaphandriers dans les tôles tordues situées dans la partie immergée de l'avant du bâtiment. Cela est possible, nous a-t-on dit, mais il ne pourrait s'agir en tout cas que de marins portés parmi les disparus.

Le contre-torpilleur Bison ne rentrera que demain matin au bassin n* 3 où il fera l'objet d'une visite minutieuse.

Une commission d'enquête a été désignée et fonctionne déjà, sous la direction du contre-amiral Moreau, de l'escadre de l'Atlantique.

Cet officier général a entendu déjà. ou va entendre à Lorient divers témoins parmi l'état-major, les officiers mariniers et l'équipage du « Bison ». L'enquête sera tout aussi importante et peut-être même davantage, à bord du Georges Leygues qui est, ne l'oublions pas, le croiseur abordeur.

Des bâtiments sur les lieux de la catastrophe

Des remorqueurs sont partis de Lorient sur les lieux de l'accident avec des officiers de la marine. Ils sont chargés de procéder sur place à la reconstitution de la position qu'occupaient les unités de l'escadre dans la soirée tragique de mardi.

L'ARRIVÉE

DU « GEORGES-LEYGUES » AU PORT DE BREST BREST. 9 février. (De notre rédaction). Le croiseur Georges Leygues. battant pavillon du contre-amiral Godfroy, commandant la 4e division de croiseurs, est arrivé à Brest par ses propres moyens, ce matin, à 5 h. 30, et il s'est amarré au coffre B. en rade-abri. Il transportait 84 hommes, officiers mariniers, quartiersmaitres et matelots du Bisoa, qui avaient été recueillis à son bord. Après avoir déjeuné, vers 7 h. 30, les 84 rescapés, dont quelques-uns avaient été légèrement contusionnés, ont pris passage à bord de la canonière Aber-Benoit qui les a conduits à bord du cuirassé Provence, en disponibilité, armé au fond de l'Arsenal. En arrivant sur ce bàtiment, ces hommes ont été restaurés à nouveau, habillés et équipés de neuf.

Les avaries du « Georges- Leygues »

Les avaries subies par le GeorgesLeygues semblent légères et ne sont guère apparentes. Il a eu cependant quelques tôles abimées à l'avant et quelques membrures déformées. De petites rentrées d'eau s'étaient déclarées aussitôt après l'abordage.

L'ancre tribord a été arrachée. Le croiseur dewa passer en cale sèche pour y subit des réparations et une visite complète. Il est probable qu'il sera conduit samedi dans le bassin n° 8 à Laninon.

Le croiseur a recueilli une pièce au « bison et son armement Des tôles du Bison étaient demeurées accrochées à bâbord avant du croiseur à peu de distance de son étrave. D'autre part. à l'extrémité de la plage avant était amoncelé un tas de ferraille provenant également du Bison. On pouvait reconnaitre parmi les tôles et les débris divers, la cabine de gonométrie et la pièce n° 2 de 138 m/m du contre-torpilleur avec son masque ae protection.

Un membre de l'équipage du Georges Leygues, que nous avons pu joindre dans l'après-midi, nous a déclare que le croiseur, en abordant le Bison à tribord avant, à hauteur de la pièce no 2, avait, de son étrave, littéralement coupé en deux le contre-torpilleur et cueilli au passage, sur sa plage avant, la pièce n° 2 du Bison et son armement composé de 15 hommes qui se trouvaient au poste de combat. Ceux-ci, avant d'avoir eu le temps de réaliser ce qui leur arrivait, s'étaient trouvés sur le pont du Georges Leygues.

Au moment de l'abordage, le pont du croiseur s'était, en effet, présenté à la hauteur de la plate-forme de la pièce du Bison. Tous ses hommes étaient miraculeusement indemnes.

De bonne heure ce matin la direction du port de Brest a envoyé le ponton-mâture Atlas pour décharger, sur un chaland, la pièce de 138 m/m et toute la ferraille provenant du Bison, qui se trouvait sur le Georges Leygues.
Ce chaland a été ensuite remorqué dans l'arsenal où il est arrivé à 17 heures.

Les circonstances de l'abordage 
Voici, d'après les renseignements qui nous ont été fournis par l'EtatMajor de l'Escadre de l'Atlantique, les circonstances dans lesquelles s'est produit l'abordage.


Mardi soir, à 15 milles dans le Sud-Est de Penmarch, la 21 flottille de torpilleurs conduite par le contre-torpilleur Bison portant la marque du contre-amiral Donval, se livrait à un exercice d'attaque de nuit, tous feux masqués, contre la 4e division de croiseurs conduite par le Georges Leygues portant la marque du contre-amiral Godfroy.

Les trois croiseurs se trouvaient en ligne de file et le Georges Leygues était suivi du Montcalm et de la Gloire lorsqu'à 19 h. 20 ce fut au tour du Bison d'attaquer.

Le contre-torpilleur devait normalement passer à bâbord du Georges Leygues.

On manque de renseignements précis sur la visibilité qu'il y avait ce moment. Cependant, il est permis de penser qu'elle devait être suffisante pour effectuer l'exercice, puisque celui-ci ne fut pas décommandé. Mais il est possible que la visibilité ait été dissymétrique, c'est-à-dire différente pour les attaquants et les attaqués. comme cela arrive assez souvent en mer.

La commission d'enquête aura à élucider ce point important pour déterminer les responsabilités de la catastrophe.

Le Georges-Leygues n'aperçut le Bison qu'au moment où celui-ci se trouvait à environ 1.000 mètres de lui. Le contre-torpilleur avait une route qui était convergente avec celle du croiseur, c'est-à-dire que sa route était incitée d'une trentaine de degrés sur celle du Georges-Leygues.

Le croiseur vint aussitôt en grand de 25 à 30° sur sa droite et battit en arrière en même temps qu'il allumait tous ses feux de position et de route. Le Bison alluma également ses feux.

La ligne de croiseurs marchait à une vitesse moyenne de 15 nœuds et le contre-torpilleur devait avoir une vitesse analogue.

On n'est pas encore exactement fixé, à Brest sur la manœuvre que de son côté, le Bison (a effectué) pour éviter l'abordage.

Celui-ci se produisit presque Instantanément. Le Georges-Leygues heurta le Bison à tribord avant, à hauteur du poste des seconds-maîtres, sur l'avant de la passerelle, et sectionna l'avant du contre-torpilleur, comme un rasoir couperait une pomme.

Les opérations de sauvetage

Si le Georges-Leygues n'avait pas manœuvré à temps, la catastrophe eut été encore beaucoup plus grave, car le Bison aurait été atteint en son milieu. La manœuvre du croiseur a donc été efficace. L'avant du contre-torpilleur, complètement détaché du reste du bâtiment, devait flotter environ une heure et demie, car, en raison de l'exercice de combat, toutes les cloisons étanches avaient été fermées au préalable. Cette partie du Bison commença par chavirer, puis se coucha sur bâbord et en arrière.

Le Georges-Leygues mit immédiatement toutes ses embarcations à la mer qu'elle éclaira de ses projecteurs. Tous les bâtiments qui participaient à l'exercice arrivèrent également peu après sur les lieux et coopérèrent aux opérations de sauvetage. Dix-huit hommes qui se trouvaient encore dans l'avant du Bison, devenu épave, appelaient au secours et ils furent tous recueillis dans les embarcations.

Celles-ci étaient commandées par des officiers et armées par des hommes qui s'étaient offerts volontairement. La mer était assez mauvaise et le sauvetage ne se fit pas sans de très grosses difficultés. Tous les gradés et matelots de l'armement de la pièce n° 1 qui se trouvaient sur le pont du Bison furent précipités à la mer et la plupart d'entre eux disparurent. Ce sont. notamment les quartiers-maitres Gazeau et Boucon, et les matelots Lauque, Sonnette, Sauvage, Boulic et Prigent. Les trois tués et les autres disparus, notamment les mécaniciens, se trouvaient à l'intérieur du bâtiment dans le poste, à l'endroit où pénétra l'étrave du croiseur. On cite le cas d'un malheureux second maitre dont le corps fut littéralement coupé en deux et qui se trouvait dans un hamac au moment de l'accident.

L'équipage du Georges-Leygues conserva tout son calme. Quant à celui du Bison il fut remarquable de sangfroid et tout se passa dans l'ordre le plus parfait.

Un des corps demeura sur le contret-orpilleur, tandis que les deux autres étaient embarqués sur le Montcalm. D'autre part, le Georges-Leygues prit 84 rescapés. les autres membres de l'équipage étant répartis entre le Montcalm, le Foudroyant et le Bordelais.

L'équipage comprenait au total 201 hommes et 18 officiers. Le bilan des victimes fut long à établir, en raison de la dispersion de l'équipage sur les différents bàtiments. Le contre-amiral Donval et son EtatMajor, le capitaine de frégate Herbout et les officiers du Bison demeurèrent à bord du contre-torpilleur avec 32 hommes volontaires, qui étaient nécessaires pour assurer la sécurité du bâtiment, tenir les feux allumés et étancher les voies d'eau

Tandis que la partie avant du Bison coulait, par 100 mètres de fond, le Georges-Leygues prenait en remorque, par l'arrière ce qui restait du contretorpilleur.

Le remorquage fut extrêmement difficile, car les tôles tordues et déchiquetées faisaient, à l'avant du Bison, effet de gouvernail, et le bâtiment faisait des embardées. La remorque se rompit à trois reprises, et elle fut chaque fois rétablie par le Georges-Leygues qui devait être relevé mercredi matin par le remorqueur Hippopotame, de la direction du port de Brest.

A ce moment, le convoi se trouvait à proximité des Glénans. Il reprit sa route vers Lorient à la vitesse de un noeud et demi à deux nœuds, escorté par le Itonteaim. On craignit beau-

coup que le Bison, privé de son avait n'arrlvAt pas jusqu'au port.

La commission d'enquête

Les membres de la commission d'enquête ont quitté Brest, par le train de midi 24, pour Lorient. Le vice-amiral Gensoul, commandant en chef l'escadre de l'Atlantique, rentré de Lorient mercredi soir, s'est rendu ce matin à bord du Georges-Leygues, en rade de Brest, où ij a vu le contre-amiral Godfroy et le capitaine de vaisseau Perot, commandant le croiseur. Il a quitté Brest à 11 heures, en avion, pour Lorient. Les blessés à l'hôpital maritime de Brest
La liste des blessés admis à l'Hôpital maritime de Brest s'établissait comme suit, ce soir, à 17 heures
Second maître infirmier Rio contusion du poignet droit, plaies au talon gauche hospitalisé salle 15.
Quartier-maitre canonnier Joseph Kervoal plaies à la face quartiermaître chauffeur Aristide Courbe contusions lombaires tous deux hospitalisés salle 5.
quartier-maître radio Jean Le Gall plaie au cuir chevelu quartier-maitre électricien Pierre Troadec contusion au genou gauche; tous deux hospitalisés salle 11.


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